Bons Baisers Dalabama

By Adelard Dore

Published on Feb 13, 2014

Gay

Bons baisers d'Alabama 14

Faire jaillir les rayons du soleil

La cabane qui avait été réchauffée par le soleil de l'après-midi était d'un doux confort. Je m'endormis paisiblement à côté de John. Vers cinq heures, des voix devant la cabane me réveillèrent. Une dizaine parmi les `invités' du camp se tenaient à la porte et me demandaient de sortir. Me frottant les yeux et très sexuellement excité parce que le sommeil m'avait permis de me remettre de mes ébats de la veille mais n'avait pas épuisé les effets, sans doute à long terme, de la petite pilule, je me suis levé, j'ai enfilé ma tunique et je suis sorti les rejoindre. John m'accompagnait. On m'annonça solennellement que je devais passer la dernière étape de mon initiation : « faire jaillir les rayons du soleil ».

Nous avons repris tous ensemble le chemin du pavillon rond, mais nous l'avons contourné et j'ai remarqué, pour la première fois, qu'un petit sentier en pente douce remontait une colline derrière le pavillon des « services ». Devant nous marchait William, mon co-initié, accompagné aussi d'une dizaine de campeurs.

Nous sommes parvenus au sommet de la colline où avait été dégagée une large clairière au milieu de laquelle trônait, dans une direction bien précise ( est en ouest) deux longues structures de bois auxquelles étaient fixées des attelages de cuir semblable à celui de l'appartement de John lequel lui servait de support durant son toilettage par Corbin.

Les compagnons nous allongèrent, William et moi, sur chacun de ces attelages, après nous avoir retiré notre tunique et nos sandales (on était donc tout nu) et un groupe de dix se forma autour de chacun de nous. Chris regarda sa montre et nous attendîmes une bonne dizaine de minutes avant qu'il donna l'autorisation de procéder.

Sur un signe du maître, les dix, selon un ordre d'ancienneté au club, prirent position autour de moi. Une dizaine d'autres, également dans un ordre d'ancienneté, prirent position autour de William. Il y avait un gars à chacun de mes pieds, un à chacune de mes mains, un de chaque côté de mon torse, un derrière ma tête, un sous l'attelage (sous mes fesses) et deux entre mes jambes. Après m'avoir fait respirer doucement ce que j'ai identifié comme de l'amylnitrite, ils commencèrent à me caresser, chacun s'attachant exclusivement au membre auquel il était assigné.

Les deux petits jeunes de la soirée précédente me léchaient les pieds et me bouffaient les orteils comme s'il se fut agi de crème glacée ou de suçons glacés. Je sentais leur salive partout sur la plante de mes pieds et entre mes orteils. Que c'était bon! Les deux Latinos me mangeaient les mains et me suçaient les doigts. Ils remontaient aussi dans le creux du coude et léchaient à pleine bouche. Le grand Noir et celui qui avait une petit queue me mordaient les seins, léchaient mes côtes provoquant des sensations de chatouillement qui me menaient au bord du délire. J'entendais William hurler et j'ai pensé alors qu'il était plus chatouilleux que moi.

Le grand blond dont j'avais fait rougir les fesses était installé en-dessous des lanières de cuir. Il prenait sa vengeance en me mordant les fesses, en les léchant et, écartant celles-ci, il plongeait sa langue dans ma craque de cul et me léchait partout autour et sur le trou. Il entrait aussi sa langue experte à l'intérieur et me donnait un « rim job » extraordinaire. J'étais étourdi sous l'effet des sensations et je commençais à comprendre, ou je croyais commencer à comprendre ce que signifiait « faire jaillir les rayons du soleil ».

John était derrière ma tête et me caressait, je dirais amoureusement. Il passait sa main dans mes cheveux et me caressait la tête. Il passait ses mains sur mes joues et derrière mon cou. Il m'embrassait sur la nuque, dans le cou et sur la bouche en poussant doucement sa langue pour aller la déposer sur la mienne. On mêlait nos salives.

Enfin, Jack et le vétérinaire s'occupaient de mon sexe. Le vétérinaire avalait mon scrotum, suçait mes testicules et le bout de sa langue remontait vers mon cul pour aller rejoindre la langue experte du grand blond et les deux langues forçaient le passage de mon cul qui jamais n'avait vécu une telle sensation. Je me sentais ouvrir et prendre de l'expansion de tous les côtés.

Jack avait la responsabilité de ma queue. Il la léchait, la couvrait de salive, la pompait, la suçait, la tirait, la caressait, la branlait avec une dextérité de grand maître. Jamais non plus je n'avais eu un tel « blow job » et pourtant j'en avais eu plusieurs. En fait, quand j'y repense, ce sont les multiples sensations, provenant de partout sur mon corps, qui conféraient à chacune des zones cette étrange sensation de n'avoir jamais rien vécu de pareil.

Je gémissais, je criais, je tremblais, j'étais envahi de partout et je sentais que mon corps s'ouvrait à toutes ces sensations comme s'il allait éclater et s'envoler vers le cosmos. L'orgasme que je sentais monter lentement allait me faire rejoindre justement le cosmos ou le paradis, mais je ne le vivrais certes pas sur la terre ordinaire. Je voyais aussi que le ciel pâlissait de manière significative mais j'étais comme dans un rêve.

Et tout à coup, au moment même où les premiers rayons du soleil percèrent l'horizon, Jack se mit légèrement sur le côté pour me branler plus rapidement et les rayons jaunes vifs du levant, directement devant mon sexe, vinrent l'illuminer comme une boule de feu. En même temps, la vitesse de branle de Jack avait atteint sa croisière maximale. Au milieu de milliers de sensations qui venaient de partout, du bout des doigts jusqu'aux orteils, de la bouche au trou du cul, des cheveux aux couilles, j'ai suivi la montée de ma larve de sperme, et dans un cri presque primal, j'ai éjaculé en direction des rayons du soleil.

J'étais comme Louis XIV à Versailles dont la chambre située directement dans l'axe du soleil, devenait inondée de lumière quand le roi se levait et que, du bassin d'Apollon jaillissait le char de bronze du soleil conduit par le dieu. Mon voisin William poussa un cri de délivrance presque au même moment que moi et lui aussi a dû faire « jaillir les rayons du soleil » de son propre corps tout en recevant sa lumière et sa chaleur en cadeau, comme un don ou, mieux encore, comme une grâce.

La fraîcheur du matin nous contraignit à ne pas nous attarder et à rentrer dans le pavillon rond qui était bien confortable où du café au lait et des brioches nous furent servies par les aides à longue tunique. Les camarades, désormais des « frères célébrants », vinrent tour à tour nous féliciter William et moi. Nous étions les vedettes du jour.

On retourna par la suite, qui dans sa tente, qui dans ma cabane, pour quelques brèves heures de sommeil.

Au début de l'après-midi, John donnait sa conférence. Ce fut un bijou d'intelligence. Il nous rappela d'abord les événements de l'initiation et tenta de faire des liens entre son propos et ce que nous avions vécu.

Il rappela aussi les grandes orientations de Celebrate the self. La recherche du plaisir en lien avec une certaine mystique que je qualifierais de « cosmique ». L'orgasme étant considéré comme une sorte d'extase, et les liens entre l'extase mystique et l'extase sexuelle étant très ténus, l'orgasme était d'autant plus intense qu'il était préparé et entouré d'une sorte de liturgie du geste et parfois aussi de la parole.

Si la masturbation solitaire, et ensuite à deux ou à plusieurs, était recommandée, c'était d'abord parce qu'il était difficile, voire impossible, de se réapproprier sa sexualité à l'intérieur des clichés et des comportements sexuels stéréotypés de la société de notre temps. Il fallait en sortir, retourner à la base, pour apprendre à se posséder (Se posséder soi-même avant, ou au lieu de... posséder l'autre).

Bien que chacun admet que parfois la sexualité puisse être rapide et correspondre à la nécessité de se libérer d'un besoin urgent ou de retrouver un calme important au milieu d'activités stressantes, le but de l'organisme était de nous faire prendre conscience que ces pratiques doivent être exceptionnelles ou enclavées dans un cadre plus vaste où les moments de plaisirs accordés à son corps doivent être au centre de tout un rite.

Je comprenais mieux alors ce que j'avais vécu auprès de Charles et Antoine à la Nouvelle-Orléans et auprès de John à Mobile :

a) La nécessité de la franchise sexuelle absolue pour découvrir tous les trésors cachés de nos fantasmes : par exemple les portes toujours ouvertes de toutes les pièces chez Antoine et Charles même au moment des besoins intimes.

b) Le rôle du décor et des accessoires : le boudoir d'Antoine, le studio de John, les miroirs, la petite armoire aux gadgets, les chaises longues qui se font face, les vidéos de soi-même ou de l'autre...

c) Le choix du bon moment: les vendredis et samedis soir d'Antoine et de Charles et les vendredis que j'avais vécu avec Stéphane (voir la nouvelle Joyeux vendredis_ ce dernier semblait avoir compris cela bien avant moi).

d) L'importance d'avoir du temps et de prendre son temps

e) La nécessité de vivre tous les moments ordinaires de la vie comme riches d'excitations sexuelles comme John me l'avait montré quand on était allé récupérer mes bagages à mon motel de Mobile

f) Le rôle de la parole dans les échanges sexuels même quand on est seul : par exemple quand Antoine me disait de parler durant ma masturbation que cela augmentait les sensations et l'érotisme de la situation ou quand lui-même parlait à Charles sur l'écran vidéo alors qu'il était sensé être tout seul dans son boudoir.

g) Le rôle prééminent des odeurs dans le processus d'excitation. Elles sont le piment de la sauce. Elles la rendent succulente ou fade. Elles élèvent le niveau de tension sexuelle en nous faisant deviner l'immense univers des secrets intimes de l'autre.

h) La nécessité d'un développement par étapes : 1-apprendre ou réapprendre sa sexualité seul à seul avec soi-même; 2- partager ensuite les découvertes faites sur son propre corps avec celui d'un autre; 3- partager les découvertes à deux, et avec plusieurs autres; 4- revenir sans cesse à soi pour intégrer les nouvelles connaissances ou les nouveaux fantasmes.

i) Vaincre la gêne qui paralyse et accepter de vivre, en la dépassant, la gêne qui stimule, celle qui consiste à dire, à montrer, à oser révéler un secret intime; à soi d'abord et à un autre ensuite. Il est important de raconter ses histoires à d'autres si on le souhaite, mais surtout à soi-même. Ne pas se juger quand on a envie de faire un geste qui, culturellement ou moralement' peut nous paraître honteux ou ridicule comme apprécier l'odeur de son cul ou goûter à son sperme ou à son urine...ou aux humeurs' de l'autre.

J'ai appris aussi bien d'autres dimensions de l'univers de la sexualité dans la conférence de John, mais certaines d'entre elles, je ne devais pouvoir les vivre qu'une année plus tard dans l'environnement hautement mystique voire magique de l'Égypte. J'en parlerai donc dans une autre nouvelle (Voir : Les mystères du Nil)

Vers la fin de l'après-midi, après une ou deux heures de repos et de `farniente', la musique nous invita de nouveau pour une « célébration » ou un « service collectif ».

Ce fut tout aussi merveilleux que la veille et, je dirais même encore meilleur. Quand je fis part de cela à John, il me dit que c'était normal. La première fois qu'on se branle avec une nouvelle personne, on est très excité par la découverte générale du corps de l'autre et le cœur nous débat et parfois on a des tremblements. Aussi, n'ose-t-on pas trop se laisser aller à dévoiler ses « petits secrets intimes » de peur ou bien d'effaroucher l'autre ou bien de passer pour un cochon, convaincu que nous sommes d'être seuls au monde à avoir des « petites manières secrètes ». Les rencontres subséquentes provoquent moins de battements de cœur et de fébrilité et permettent de porter l'attention sur les détails. L'érotisme de la branle facilite ainsi la révélation de certains secrets intimes que la première fois on n'avait pas osé montrer à l'autre. « Plus on ose, plus c'est gênant; mais plus c'est gênant plus on jouit fort », me dit John.

C'est William qui s'offrit cet après-midi là pour être le lead de l'Afternoon tea circle jerk off. Il a fait ça comme un pro; son intégration dans le groupe semblait complétée.

Après la branle, John et moi avons remis notre tunique et ramassé nos vêtements de ville au vestiaire. Nous sommes allés régler notre note et saluer Chris. Presque tristement, nous avons repris le petit sentier qui conduisait au débarcadère.

On retrouva le pneumatique et, en bon navigateur, John nous sortit peu à peu des bayous puis des affluents de la rivière et bientôt apparut Mobile dans les rayons du soleil couchant.

J'ai passé une dernière nuit d'amitié et de tendresse avec John ne sachant trop comment le remercier de ce qu'il m'avait fait découvrir. En effet, quel cadeau peut-on donner au pirate que vous livre son trésor? Seule ma reconnaissance pouvait être digne de son immense don. Ma vie ne serait plus jamais la même à cause de lui surtout car il avait été le maître d'Antoine et de Charles également.

Le lendemain matin, j'ai repris la route avec ma voiture louée en direction d'Atlanta en Georgie où il me serait facile de trouver un vol pour Montréal avec une correspondance à Chicago ou Pittsburg ou Philadelphie ou New-York, mais je serais sûrement chez moi avant la nuit.

Avant de quitter l'Alabama où j'avais tant appris, j'ai voulu envoyé une carte postale à un copain de branle justement que j'avais une envie folle de retrouver pour lui faire part de mes découvertes du Sud. Comme je savais que la carte arriverait après moi, ne sachant trop quoi lui écrire, j'ai pensé qu'il était préférable qu'elle lui rappelle simplement, quand il la recevrait, ce que j'aurais eu le temps et le loisir de lui raconter longuement et avec de nombreux détails.

J'ai collé un timbre sur la carte qui représentait le fort Condé et la rivière Mobile et j'ai griffonné simplement: « Bons baisers d'Alabama ». D'une certaine manière, j'avais tout dit.

FIN

Alexandre

S.V.P. : Un commentaire serait hautement apprécié. Sachez qu'il est même attendu ou espéré!


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